Sally Miller Gearhart

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Sally Miller Gearhart
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Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 90 ans)
UkiahVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Sweet Briar College (en) (jusqu'en )
Université d'État de Bowling Green (maîtrise ès arts) (jusqu'en )
Université de l'Illinois à Urbana-Champaign (doctorat) (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales
The Wanderground (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Sally Miller Gearhart, née le et morte de 14 juillet 2021, est une enseignante américaine, féministe, écrivaine de science-fiction et militante politique[2]. En 1973, elle devient la première lesbienne déclarée à obtenir un poste de professeur puis à être embauchée par l'Université d'État de San Francisco, où elle aide à établir l'un des premiers programmes d'études sur les femmes et le genre dans le pays. Plus tard, elle devient une militante de renommée nationale des droits des homosexuels[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Sally Gearhart fréquente une institution réservée aux femmes, Sweet Briar College (en), près de Lynchburg en Virginie. Elle obtient un baccalauréat ès arts en théâtre et en anglais en 1952, puis l'année suivante une maîtrise en théâtre et en allocution publique de la Bowling Green State University. Elle poursuit ses études à l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign, obtenant son Ph.D. en théâtre en 1956, avec l'intention de poursuivre une vie universitaire.

Sally Gearhart commence à enseigner l'élocution et le théâtre à l'Université d'État Stephen F. Austin (en) à Nacogdoches, Texas[4], et ensuite au Texas Lutheran College (en) (aujourd'hui Université) à Seguin, Texas[5]. Dans ces deux postes, Sally Gearhart cache son orientation sexuelle pour se conformer à la culture des écoles. En tant que professeur, elle est très populaire et recherchée, mais sa vie personnelle est difficile, ne pouvant « sortir du placard »[6]. Cette situation dure jusqu'à ce qu'elle déménage à San Francisco, en Californie, en 1970.

En 1973, Sally Gearhart rejoint l'Université d'État de San Francisco, où elle passe à l'enseignement des Women's studies. Elle y développe l'un des premiers programmes d'études sur les femmes et le genre aux États-Unis. Continuant d'écrire sur le lesbianisme et les sujets politiques liés, elle devient active politiquement, luttant en particulier pour des causes féministes radicales.

En 1978, elle lutte aux côtés de Harvey Milk, l'un des premiers politiciens ouvertement homosexuels aux États-Unis, pour vaincre la « Proposition 6 » de Californie, connue sous le nom de « Initiative Briggs »[7]. Elle attaque l'initiative de John Briggs visant à interdire aux homosexuels des postes universitaires[8]. Un extrait du débat figure dans le film documentaire The Times of Harvey Milk, qui contient aussi les réactions à San Francisco à la suite de l'assassinat de Milk.

Sally Gearhart figure également dans plusieurs autres documentaires, notamment Word Is Out: Stories of Some of Our Lives (en), sorti en 1977 [9] et Last Call at Maud's sorti en 1993[10].

Elle enseigne à l'Université d'État de San Francisco jusqu'à sa retraite en 1992[6].

Installée depuis plusieurs années au nord de Willits, en Californie, celle qui se définissait comme une « militante politique en convalescence » décède le 14 juillet 2021 dans une maison de retraite de Ukiah, des suites d'une longue maladie[11],[12].

Écrits[modifier | modifier le code]

Après s'être installée à San Francisco, Sally Gearhart commence à écrire des romans de science-fiction féministes[13],[14] et des nouvelles mettant en valeur ses idéaux utopiques pour un public lesbien plus large. En 1978, elle publie son roman le plus célèbre, The Wanderground (en), explorant les thèmes de l'écoféminisme et du séparatisme lesbien. Elle écrit deux livres dans le cadre de la trilogie Earthkeep, The Kanshou, publié en 2002, et The Magister, publié en 2003. Les deux histoires explorent un monde dystopique où les femmes sont plus nombreuses que les hommes et les humains sont les seuls êtres sur la planète[15].

Au début de sa carrière, Sally Gearhart participe à une série de séminaires à l'Université d'État de San Francisco, où les universitaires féministes discutent de manière critique des questions du viol, de l'esclavage et de la possibilité d'annihilation nucléaire. Elle décrit et justifie une proposition en trois étapes pour un changement social dirigé par les femmes : I) Chaque culture doit commencer à affirmer un avenir féminin. II) La responsabilité des espèces doit être rendue aux femmes de toutes les cultures. III) La proportion d'hommes doit être réduite et maintenue à environ 10% de la race humaine.

Elle ne fonde pas cette proposition radicale sur l'idée que les hommes sont intrinsèquement violents ou oppressifs, mais plutôt sur le fait que le « vrai danger réside dans le phénomène de la fraternisation masculine (en), cet engagement de groupes d'hommes les uns envers les autres, que ce soit dans une armée, un gang, un club, une loge, un ordre monastique, une société ou un sport de compétition. » Sally Gearhart identifie le renforcement du pouvoir auto-perpétué et exclusivement masculin au sein de ces groupes comme corrosif pour le changement social dirigé par les femmes. Ainsi, si « les hommes étaient réduits en nombre, la menace ne serait pas si grande et le placement de la responsabilité des espèces chez la femelle serait assuré ». Sally Gearhart, pacifiste convaincue, a reconnu que ce type de changement ne pouvait pas être obtenu par la violence de masse. En ce qui concerne la question critique de savoir comment les femmes pourraient y parvenir, elle fait valoir que c'est par la capacité de reproduction des femmes que le rapport hommes / femmes peut être modifié grâce aux technologies de clonage ou de fusion ovulaire, qui ne produiraient que des naissances féminines. Elle fait valoir que les femmes tirant parti de ces technologies de reproduction, le sex-ratio changerait au fil des générations[16].

Sally Gearhart co-écrit A Feminist Tarot avec Susan Rennie. A sa première publication en 1981 par Persephone Press, il est l'un des nombreux livres sur le Tarot card reading (en) sur le marché tentant de trouver des significations alternatives dans la symbologie, dont le plus célèbre est probablement Motherpeace Tarot (en). Insolite pour un travail de spiritualité féministe à une époque de culte de la déesse, cet ouvrage garde l'imagerie conventionnelle du Rider-Waite tarot deck (en), tout en réinterprétant et subvertissant les significations énoncées.

Elle publie également un livre intitulé Loving Women/Loving Men: Gay Liberation and the Church, qui s'adresse aux églises et communautés chrétiennes conservatrices refusant les personnes homosexuelles. Bien qu'elle n'ait jamais pleinement embrassé la foi chrétienne, Sally Gearhart en reconnait les parties significatives pour ses propres idéaux. Elle déclare un jour que « l'amour est la vérité universelle qui est au cœur de toute la création »[17].

Héritage[modifier | modifier le code]

Les documents de Sally Miller Gearhart (1956-1999) sont conservés à l'Université de l'Oregon[18].

« Gearhart » est une entrée du dictionnaire The A to Z of the Lesbian Liberation Movement: Still the Rage, de JoAnne Myers, 2003[19].

Un fonds est créé par Carla Blumberg, l'une des anciennes étudiantes de Sally Gearhart, en à l'Université de l'Oregon pour la chaire Sally Miller Gearhart en études lesbiennes, dans le cadre du programme d'études sur les femmes et le genre[20]. Le Fonds Sally Miller Gearhart pour les études lesbiennes a été créé pour promouvoir la recherche et l'enseignement dans les études lesbiennes à travers une série de conférences annuelles et un poste de professeur doté à l'Université de l'Oregon[21]. La conférence annuelle Sally Miller Gearhart en études lesbiennes à l'Université de l'Oregon a eu lieu pour la première fois le  ; cette première conférence était intitulée The Incredibly Shrinking Lesbian World et Other Queer Conundra, et a été donnée par Arlene Stein de l'Université Rutgers[21].

Sally Gearhart a été dépeinte par Carrie Preston dans la mini-série When We Rise (2017), qui traitait de l'évolution de la communauté LGBT à San Francisco et de l'avancement des droits civils LGBT en Amérique[22],[23].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Some modern American concepts of tragic drama as revealed by the critical writings of twentieth century American playwrights (1953)
  • Aristotle and Modern Theorists on the Elements of Tragedy. (1969)
  • The Lesbian and God-the-Father, or, All the Church Needs Is a Good Lay ... On Its Side (1972)[24]
  • Loving Women/Loving Men: Gay Liberation and the Church. (1974)
  • The Wanderground: Stories of the Hill Women (en), illustrations de Elizabeth Ross, Watertown, Massachusetts, Persephone Press, 1978.
  • The Sword and the Vessel Versus the Lake on the Lake (1980)
  • The Future - if there is one - is Female (1981)
  • A Feminist Tarot (1981)
  • Future Visions: Today’s Politics: Feminist Utopias in Review (1984)
  • The Kanshou (2002)
  • The Magister (2003)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://archiveswest.orbiscascade.org/ark:/80444/xv81757 » (consulté le )
  2. « Sally'S Story », Sally Miller Gearhart, (consulté le )
  3. http://giving.uoregon.edu/oregon-outlook/summer-2009/honoring-diversity-and-courage
  4. « Guide to the Sally Miller Gearhart Papers », Northwest Digital Archives (consulté le )
  5. Gale Detoit, « Sally Miller Gearhart », sur Contemporary Authors Online, Literature Resource Center (consulté le )
  6. a et b (en) Denise Knight Sandra Pollack, Contemporary Lesbian Writers of the United States : a bio-bibliographical critical sourcebook, Westport, CT, Greenwood Press, , 207–211 (ISBN 0-313-28215-3, lire en ligne)
  7. Lillian Faderman, The Gay Revolution : The Story of the Struggle, New York, NY, Simon & Schuster, , 372 p. (ISBN 978-1-4516-9411-6, lire en ligne)
  8. Guide to the Sally Miller Gearhart Papers 1956-1999
  9. « The Word is Out (1977) », sur Internet Movie Database (consulté le )
  10. Stephen Holden, « Fond Recollections of a Part of Gay HIstory », New York Times,‎
  11. Profile - LGBTRAN
  12. « Lesbian educator Sally Gearhart dies », sur Bay Area Reporter (consulté le ).
  13. Sarah Lefanu, Feminism and science fiction, Indiana University Press, (ISBN 0-253-33287-7, 978-0-253-33287-5 et 0-253-23100-0, OCLC 18558866, lire en ligne)
  14. Chanté McCoy, « Radical Imagination: Feminist Conceptions of the Future in Ursula Le Guin, Marge Piercy and Sally Miller Gearhart by Margarete Keulen », Western American Literature, vol. 27, no 2,‎ , p. 129–129 (ISSN 1948-7142, DOI 10.1353/wal.1992.0057, lire en ligne, consulté le )
  15. « Sally Miller Gearhart », sur Barnes and Noble (consulté le )
  16. Sally Miller Gearhart, "The Future—If There Is One—Is Female," Reweaving the Web of Life: Feminism and Nonviolence, New Society Publishers 1982:266–284.
  17. [1]
  18. Guide to the Sally Miller Gearhart Papers 1956-1999
  19. Joanne Myers, The A to Z of the Lesbian Liberation Movement : Still the Rage : JoAnne Myers : Google Books, , 360 p. (ISBN 978-0-8108-6327-9, lire en ligne)
  20. Jane Russo Sheehan, « 1952 », Sweet Briar Magazine,‎ fall 2012, p. 38 (lire en ligne, consulté le )
  21. a et b Sally Miller Gearhart Fund for Lesbian Studies | Department of Women's and Gender Studies
  22. Nellie Andreeva, « Carrie Preston to Star In ABC's LGBT Rights Miniseries 'When We Rise' », Penske Media Corporation,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. David Clarke, « ABC's 'When We Rise' is a Timely Lesson in Intersectionality | Out Magazine », Out.com (consulté le )
  24. Great Speeches on Gay Rights, Dover Publications, , 1re éd., 150 p. (ISBN 978-0-486-47512-7, lire en ligne), p. 57

Liens externes[modifier | modifier le code]